Contexte

À la suite de l’arrivée du COVID-19 et des mesures de confinement en mars 2020, les facultés ont été fermées. Le Département de médecine générale (DMG) d’Amiens a dû revoir le programme d’enseignement facultaire des internes de médecine générale des trois promotions du diplôme d’études spécialisées (DES). Différentes décisions ont été prises en fonction des objectifs pédagogiques attendus : envoi de supports visuels type PowerPoint^® commentés par courriel ou sur le portfolio des étudiants, envoi de documents et temps d’échanges à distance selon le modèle de la classe inversée, ou report des enseignements nécessitant une dynamique de groupe. Enfin, il a été proposé une formation sur l’enseignement du remplacement, considéré comme prioritaire pour l’acquisition de connaissances au vu de la crise sanitaire et des besoins de remplacement ou d’assistanat de médecins installés notamment dans l’Oise [1], département fort impacté par le COVID-19.

Les objectifs pédagogiques de ce cours étaient d’acquérir les principes fondamentaux en ce qui concerne la responsabilité, l’organisation légale, comptable, mais aussi pratique lors des remplacements en médecine générale. Il convenait d’expliquer aux étudiants les règles juridiques d’un contrat de remplacement, d’aborder les cotisations obligatoires liées à cette activité, d’adapter le statut comptable et assurantiel pour sécuriser le remplacement, et enfin de pouvoir gérer les aspects administratifs et pratiques. En effet, cet enseignement permet aux internes d’appréhender leur premier remplacement dans des conditions optimales et de garantir la sécurité du patient. Il est toujours source de nombreux échanges entre les étudiants et les intervenants. Il a donc été programmé le 9 avril 2020, jour d’enseignement habituel, pour les internes de deuxième année du troisième cycle des études médicales (TCEM 2).

Ce que nous avons fait

La démarche a consisté à adapter dans le cadre d’un dispositif à distance un enseignement facultaire initialement organisé en présence, pour répondre à un besoin urgent d’adaptation pédagogique lors de la crise sanitaire du COVID-19. Il a été décidé par le DMG d’utiliser la version professionnelle du logiciel Zoom^® [2], qui a été financé par le Collège des généralistes enseignants de Picardie. En effet, cet outil numérique permet une visioconférence jusqu’à 100 participants. Nos promotions comportent en moyenne 80 internes.

L’adaptation de ce cours a été réfléchie avec l’équipe pédagogique du DMG ainsi qu’avec un professeur de l’enseignement supérieur, plus habitué aux formations à distance. Le cours a été délivré par un binôme d’enseignantes. Ces deux dernières ont dû se former à l’outil et le tester auprès des membres du DMG pour s’assurer d’en avoir la maîtrise. Un questionnaire préalable a été proposé aux internes afin de recueillir les besoins de formation sur le sujet du remplacement. Il a été diffusé via un lien Google Forms^®. Les données recueillies ont été traitées par une des deux enseignantes du cours. Les réponses ont été classées par thème et insérées dans le support visuel PowerPoint^®. Ensuite, les internes ont reçu par e-mail les codes de connexion la veille du cours avec les modalités pour y avoir accès. Une des deux enseignantes était l’administrateur du cours. En effet, avec le logiciel Zoom^®, seule une personne peut avoir le contrôle des paramétrages. Des règles d’organisation ont été données aux étudiants et, pour éviter le risque de perturbations, leur micro et leur caméra étaient désactivés par l’administrateur.

Les participants avaient la possibilité de poser leurs questions via un tchat intégré à Zoom^®. Sur leur écran était projeté le PowerPoint^® pour aider à l’apport de connaissances. À chaque fin de partie du cours, il était rappelé aux internes qu’ils pouvaient poser des questions via le tchat et les réponses étaient données en direct. L’intégralité du cours a été enregistrée. Il sera mis en ligne sur le portfolio. Ainsi, il restera disponible à tout moment pour l’étudiant qui souhaiterait le revoir ou pour les internes qui étaient absents.

Au total, cet enseignement à distance a réuni 66 participants sur 77 internes de TCEM 2. Il a duré 2 h 30, ce qui est similaire à la forme habituelle en présence.

Points forts et points faibles

Le DMG d’Amiens a été très réactif afin de s’organiser face à la crise sanitaire et aux besoins de formation des internes. L’enseignement a pu être réalisé à la date prévue grâce à son adaptation à utiliser un outil de communication que constitue Zoom^®. Le questionnaire et l’accès au tchat ont permis de répondre aux besoins des internes. En limitant volontairement les interactions des participants, le déroulement a été fluide, sans bruits parasites que peuvent engendrer les bavardages lors des cours en présence. Bien que cette formation ne fût pas obligatoire, le taux de participation était important. Cela peut s’expliquer par le thème du cours, fort apprécié par les internes, mais aussi le besoin d’informations sur un sujet les concernant dans un avenir proche. De plus, le confinement provoque un certain isolement. Ce temps d’enseignement a pu casser la monotonie actuelle et redonner motivation et normalité.

Le logiciel Zoom^® a plusieurs fonctionnalités pédagogiques intéressantes. En effet, il est possible de diffuser un support visuel en partageant son écran, un tchat permet aux participants d’interagir auprès de tout le public sans couper la parole de l’enseignant. Il met également à disposition un tableau blanc, pour réaliser un schéma ou taper du texte sans passer par un support annexe. Il permet aussi des interactions plus dynamiques, à l’aide de la caméra et du micro mais cela n’est envisageable qu’avec un groupe plus restreint. Cependant, ce logiciel a un coût pour être utilisé avec un groupe important.

Les principaux freins à ce type d’enseignement sont la connexion internet et l’accès à un matériel informatique. En effet, le cours ayant lieu en direct, une connexion de l’enseignant ou de l’étudiant de mauvaise qualité nuit au déroulement et à la compréhension de l’enseignement. En outre, selon le contenu de l’enseignement et ses objectifs pédagogiques, la réalisation d’une formation à distance n’est pas toujours envisageable ni adaptée. Quant au lien social entre l’apprenant et l’enseignant que peut créer un enseignement physique, il n’est pas le même à distance et nécessite probablement d’être ajusté avec ce mode d’apprentissage.

Conclusion

Pour adapter la formation au confinement lié au COVID-19, le DMG d’Amiens a mis en place un cours à distance auprès d’internes de médecine générale sur le thème du remplacement. Il a été nécessaire de s’organiser au préalable et d’établir des règles de déroulement. La participation a été importante et le retour instantané des étudiants positif. Cette expérience a été depuis renouvelée pour d’autres enseignements avec des résultats similaires. À l’heure où le e-learning se développe, l’équipe pédagogique du DMG d’Amiens envisage tant dans un avenir proche, suites aux règles de confinement en vigueur, que par la suite, de l’utiliser pour former les internes. En effet, l’utilisation de ce moyen d’enseignement pourrait répondre à une problématique d’éloignement géographique des internes de médecine générale d’Amiens et faciliterait l’accès aux journées facultaires.

Références

© SIFEM, 2020