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Editorial
Numéro
Pédagogie Médicale
Volume 20, Numéro 1, 2019
Page(s) 1 - 1
Section Editorial
DOI https://doi.org/10.1051/pmed/2020007
Publié en ligne 10 mars 2020

Au cours du temps, l’Homme a dû s’adapter pour subsister et se développer. D’homo habitus, erectus,faber,sapiens, va-t-il progressivement évoluer en « homo contexticus »? Car, plus que jamais, l’évolution de sa typologie dépendra de son adaptabilité à un contexte de vie en profonde mutation, déterminé par de nombreux défis : croissance exponentielle de la population dont une partie croissante sera d’un âge avancé, nécessaire usage plus judicieux de ressources pour répondre aux besoins et attentes de cette population, protection absolue de l’environnement et de la bio-diversité, partage équitable de biens et de services indispensable à l’harmonie dans un pays et entre pays, utilisation des technologies plus respectueuse de la dignité humaine. Prenant pleinement conscience de l’importance de ces défis sur le bien-être de l’humanité, l’homo contexticus prendra une part active à leur résolution, quitte à remettre en question son statut ancien.

De même, le professionnel de la santé sera-t-il l’objet d’une mutation. Alors que, jusqu’à présent, la pertinence de son métier était appréciée sur la base de références catégorielles définissant le profil du bon praticien, chercheur, enseignant ou administrateur, dorénavant, l’excellence de ses prestations sera jugée à l’aune d’autres codes, extérieurs à sa profession, afin d’apprécier la congruence de celle-ci avec les déterminants sociaux, culturels, économiques et environnementaux agissant sur la santé. Aussi, l’éventail des compétences de l’homo contexticus sera-t-il repensé, dans le secteur de la santé comme dans d’autres secteurs, pour mieux contribuer à l’amélioration des conditions d’existence d’autrui.

C’est à la formation d’un homo contexticus que l’université doit s’atteler sans tarder pour répondre aux besoins pressants de la société. Avec une rénovation du programme de formation, principalement caractérisée par une présence précoce et continue de l’étudiant sur le terrain, pour relier tout apprentissage aux réalités complexes de la vie des gens et développer un sens critique pour que soient mieux appliquées à tout service de santé les valeurs de qualité des soins à la personne, d’équité et d’efficience. Pour créer un tel cadre nouveau, l’université elle-même fera-t-elle une mutation, en anticipant l’évolution de la société et du système de santé, en mettant explicitement les défis de la société au cœur de sa stratégie de développement, en favorisant la convergence et la complémentarité des sciences et des techniques, et en vérifiant in vivo au sein de la population dans un territoire l’impact des actions qu’elle aura conduites, en partenariat avec d’autres acteurs de santé. Traçabilité, transparence et accréditation seront des exigences maîtresses !

Ainsi donc, reconnu comme garant d’une approche holistique, l’homo contexticus sera-t-il valorisé par le pouvoir politique, académique, social et sanitaire, conscient de l’exigence à sortir des silos verticaux de disciplines particulières et à favoriser une approche transversale et en réseaux, pour mieux appréhender la vie dans toute sa complexité. Enfin et surtout, l’homo contexticus sera-t-il apprécié par le citoyen, qui, dès son premier contact à une structure de santé de proximité, bénéficiera d’une prise en charge intégrée de ses attentes.

Ce n’est pas tout à fait un rêve !

Car, nous avons tous un peu de l’homo contexticus en nous, qui n’attend que l’occasion de se révéler…


© SIFEM, 2020

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