La recherche en éducation médicale dans les facultés de médecine en France. Etat des lieux à partir d’une revue systématique des travaux publiés

Research in medical education in medical schools in France. Status report from a systematic review of published scientific papers

¹ Service de médecine interne, CHU de Nantes, Faculté de médecine de Nantes, France
² EA 4275 SPHERE, recherche en biostatistiques, pharmaco-épidémiologie et sciences humaines, Université de Nantes, France
³ Service de neurotraumatologie, CHU de Nantes, Faculté de médecine de Nantes, France
⁴ Département de médecine générale, Faculté de médecine de Nantes, France
⁵ Doyen de la Faculté de médecine de Lyon-Est, France
⁶ Doyen de la Faculté de médecine d’ Angers, France

Correspondance et offprints : Pr Pierre Pottier, Service de médecine interne, CHU Nantes, Place Alexis Ricordeau, Nantes 44093, France. Tel: 00 33 240 083805; Fax: 00 33 240 083379; E-mail: pierre.pottier@univ-nantes.fr

Reçu : 15 Avril 2015
Accepté : 13 Juillet 2015

Résumé

Introduction : La recherche en éducation des professionnels de santé est une jeune discipline scientifique se développant dans de nombreux pays. L’objectif de ce travail était d’établir un état des lieux quantifié et objectif de cette activité de recherche en France, au regard des travaux publiés par les facultés de médecine. Méthode : Une revue systématique sur 15 ans a été réalisée à partir de deux bases de données : Pubmed et les archives de la revue Pédagogie Médicale. Résultats : L’activité de recherche en éducation médicale dans les facultés de médecine françaises, telle qu’elle peut être mesurée par sa production scientifique, est en nette progression en France (multipliée par 12 en 15 ans), bien qu’en retard par rapport à d’autres pays comme le Canada ou, plus proche, l’Allemagne. Toutes thématiques confondues, la contribution française à la recherche en éducation médicale est de 0,22 % dans Pubmed et 21 % dans la revue Pédagogie Médicale. La gynécologie, l’obstétrique, l’anesthésie réanimation et des disciplines transversales comme la santé publique, la médecine interne, la médecine générale et la médecine d’urgence sont celles qui investissent le plus ce champ de recherche. La majorité des travaux sont axés sur l’évaluation des résultats de dispositifs d’enseignement. Malgré des facteurs d’impacts le plus souvent inférieurs à 4, le niveau de publication selon la classification SIGAPS reste élevé avec la moitié des travaux publiés dans des revues A, B ou C. Discussion : Malgré une nette augmentation ces dernières années, cette faible implication des équipes françaises est possiblement le reflet de la méconnaissance de ce champ disciplinaire, d’un manque de formation des chercheurs aux spécificités de la recherche dans ce domaine et du manque d’équipes françaises cherchant à y développer une recherche fondamentale et appliquée de bon niveau scientifique. Conclusion : La recherche française en éducation médicale reste à développer en France. La formation de leaders dans le domaine et la création de centres de recherche en pédagogie médicale semblent indispensables.

Abstract

Introduction: Medical education is a recent addition in the field of scientific research. Indeed it has spread to many countries. The goal of this review was to quantify the involvement of French teams in medical education research. Method: A systematic review of two databases (Pubmed and the archives of the Pédagogie Médicale journal) over a 15-year period was carried out. Results: Research in medical education is growing in France (a 12-fold increase over 15 years) even though it remains lower than in other countries, such as Canada or neighboring Germany. Overall, the French contribution to research in medical education stands at 0.22% in Pubmed and 21% in Pédagogie Médicale. Surgical and general specialties, including obstetrics and gynecology, anesthesiology, public health, internal medicine and family and emergency medicine, were the research fields most targeted. Most of the work focused on teaching assessment. Though impact factors were often under 4, the level of publication according to the SIGAPS classification was relatively high with 50% of papers published in A, B or C-ranked journals. Discussion: The results reveal how knowledge in medical education research, researcher training with respect to methodological specificities and the French team’s aims in developing quality scientific data in the research field are lacking. Conclusion: French research in medical education needs further development. Medical-education leaders and research centers appear crucial in this respect.