Recherche et Perspectives

L’enseignement de la médecine intégrative en France : état des lieux et perspectives

Teaching integrative medicine in France: current situation and prospects

¹ Collège universitaire des médecines intégrative et complémentaires (CUMIC), Centre hospitalier universitaire (CHU) Nord-Laennec, Nantes, France
² Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Strasbourg, France
³ Unité mixte de recherche (UMR) 1329, Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) et Université de Strasbourg, Strasbourg, France
⁴ Unité mixte de recherche (UMR) 1153, Centre de recherche en épidémiologie et biostatistiques, INSERM et Université Paris Cité, Paris, France
⁵ Université de Lorraine, Nancy, France
⁶ CHU de Nantes, Service « Douleur, soins de support, éthique clinique et médecine intégrative », Nantes, France
⁷ Unité mixte de recherche (UMR)-S 1229, Médecine Régénératrice et Squelette, INSERM, Université de Nantes et École nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l’alimentation de Nantes-Atlantique, Oniris, Nantes, France

^* Correspondance et offprints : Fabrice Berna, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, 1 place de l’Hôpital, 67091 Strasbourg Cedex. Mailto : fabrice.berna@chru-strasbourg.fr

Reçu : 10 Mars 2023

Commentaires éditoriaux formulés aux auteurs le 21 février et le 26 mars 2024
Accepté : 27 Mars 2024

Résumé

Contexte : Le recours aux pratiques de soins non conventionnelles concerne une large proportion de la population en France, en particulier les patients ayant des maladies chroniques. Certaines sont utilisées par des professionnels de santé et sont intégrées aux soins conventionnels, par exemple dans des services hospitaliers de médecine intégrative. Sensibiliser les étudiants en médecine à ces approches est important pour mieux accueillir les choix thérapeutiques des patients et savoir les conseiller. La question de l’implication de l’université dans une formation à la médecine intégrative et certaines pratiques non conventionnelles est cependant débattue en France et ne fait pas consensus. Objectif : Après une clarification des concepts principaux mobilisés, cet article dresse un état des lieux de l’enseignement universitaire des pratiques de soins non conventionnelles et de la médecine intégrative en France. Il propose une analyse succincte de la structuration de la médecine intégrative et de son enseignement en Suisse et en Allemagne. Résultats : Notre analyse permet d’identifier certaines insuffisances dans l’offre de formation en France. Nous argumentons qu’un des aspects de la stratégie de réduction des risques appliquée à ces pratiques passe par une implication de l’université dans l’enseignement de la médecine intégrative. Le projet d’une formation spécialisée transversale en médecine intégrative est proposé comme une réponse possible. Conclusion : La structuration de la médecine intégrative et de son enseignement en France permettrait d’offrir aux patients un accès sécurisé à certaines pratiques pertinentes et la France de rejoindre les nombreux pays qui la devancent dans ce domaine.

Abstract

Context: The use of non-conventional healthcare practices concerns a large proportion of the population in France, particularly patients with chronic illnesses. Some are used by healthcare professionals and integrated into conventional medicine, for example in hospital departments for integrative medicine. Raising awareness of these approaches among medical students is an important step towards better accepting patients’ therapeutic choices and advising them. However, the question of university involvement in training in integrative medicine and certain non-conventional practices is still being debated in France, and there is no consensus on the matter. Purpose: After clarifying the main concepts involved, this article takes stock of university teaching of non-conventional healthcare practices and integrative medicine in France. It also provides a brief analysis of how integrative medicine is structured and taught in Switzerland and Germany. Results: Our analysis identifies a number of shortcomings in training provision in France. We argue that one aspect of the harm reduction strategy applied to these practices involves university involvement in the teaching of integrative medicine. The project for a cross-disciplinary specialist training course in integrative medicine is proposed as a possible response. Conclusion: The structuring of integrative medicine and its teaching in France would offer patients secure access to certain relevant practices, and enable France to join the many countries that are ahead of it in this field.